Alfa passe à l’électrique ! Si certains y voient un sacrilège, d’autres pense à une évolution naturelle. Quoiqu’il en soit, l’Alfa Romeo Junior Elettrica aspire à devenir le modèle phare dans le segment des SUV compacts. Pour y arriver, l’italien mise sur un design distinctif et une chaine de traction qui commence à être éprouvée. La recette fait-elle mouche ? On vous dit tout dans notre essai de la version 156 ch !
Alfa Romeo, marque au patrimoine particulièrement riche, fait un retour remarqué avec le Junior, un petit SUV qui joue un rôle clé dans l’avenir du Biscione. Alors que les Giulia et Stelvio approchent de la fin de leur cycle commercial, avec des remplacements prévus pour 2025 et 2026 respectivement, le Junior a pour mission de relancer les ventes de la marque.
Positionné sur le marché des SUV compacts, avec une plateforme partagée avec les Peugeot E-2008, Jeep Avenger et Fiat 600e, le Junior marque plusieurs premières pour Alfa Romeo : c’est le premier modèle entièrement développé sous l’égide de Stellantis et surtout, c’est la première voiture entièrement électrique de son histoire.
Précisons toutefois que la marque, pour des raisons évidentes de marketing préfèrent parler de lui comme d’une compacte, avec une hauteur de seulement 1, 51 m ce n’est pas faux, et qu’il se situe à cheval entre deux voitures qui ont quitté la scène : les MiTo en 2008 et Giulietta en 2020. Enfin, pour l’anecdote, il devait s’appeler Milano à la base mais le nom a été écarté sous la pression des autorités italiennes, car la production du modèle se fait en Pologne. Du coup son nom Junior fait référence au coupé Alfa des années 60.
L’électrique, l’option prioritaire
L’Alfa Romeo Juinor est disponible avec une gamme de motorisations qui comprend à la fois des versions thermiques et électriques. Côté thermique, le modèle est équipé d’un moteur essence 1.2 PureTech à trois cylindres de 136 ch associé à une technologie hybride légère (mild-hybrid 48 V), grâce à un moteur électrique intégré dans la boîte de vitesses automatique à double embrayage à six rapports. Cette configuration permet des phases de conduite en mode électrique sur de courtes distances, contribuant ainsi à réduire la consommation de carburant tout en offrant une puissance suffisante pour une utilisation quotidienne.
Cependant, l’électrification constitue le cœur de la stratégie. Deux versions entièrement électriques sont disponibles : une première variante développant 156 ch, qui marque l’entrée d’Alfa Romeo dans l’univers des modèles 100 % électriques, et une version plus performante, la Veloce, affichant une puissance de 280 ch.
Avec cette dernière motorisation, Alfa Romeo introduit une puissance encore inédite au sein du groupe Stellantis (hors Maserati), plaçant ainsi le Junior en tête des modèles électriques les plus puissants du groupe. Cependant, nous aborderons son essai en détail dans un autre article, car nos tests de cette version se sont déroulés exclusivement sur circuit.
Alfa Romeo Junior Elettrica 156 ch : Gamme et Tarifs
L’Alfa Romeo Junior Elettrica s’articule autour de cinq niveaux de finition, avec des tarifs qui commencent à 29 500 € pour la version hybride « Junior Ibrida » et 38 500 € pour la version entièrement électrique « Junior Elettrica », soit une différence de 9 000 € entre les deux motorisations. Les différentes finitions sont organisées sous forme de « packs » au lieu des appellations traditionnelles (Sprint, Super, Ti), à l’exception de la version Veloce, qui reste la plus sportive de la gamme.
Équipements de Base
Dès la version d’entrée de gamme, l’Alfa Romeo Junior est bien équipée avec des feux Full LED, un régulateur de vitesse adaptatif, un écran multimédia de 10,25 pouces, et des jantes en alliage de 17 pouces.
Finition Techno
En ajoutant 2 500 € au prix initial, la finition Techno propose un équipement plus riche, avec un prix fixé à 32 000 € pour la version Ibrida et 41 000 € pour la version Elettrica. Elle inclut des projecteurs Full LED Matrix, une caméra à 360°, un hayon mains libres, un chargeur à induction, un système d’accès sans clé, un détecteur d’angle mort, et l’assistance à la conduite semi-autonome.
Finition Premium
La finition Premium est proposée à 34 500 € pour l’Ibrida et 43 500 € pour l’Elettrica. Elle ajoute des sièges avant réglables électriquement, chauffants, avec fonction massage pour le conducteur, une sellerie spécifique Spiga, des vitres arrière teintées, un plancher de coffre ajustable, des seuils de porte en aluminium, et un éclairage d’ambiance sur le tableau de bord ainsi que les aérateurs.
Finition Sport
La version Sport se distingue par un caractère plus dynamique, avec un prix de 37 000 € pour l’Ibrida et 46 000 € pour l’Elettrica. Elle intègre des sièges baquets Sabelt en Alcantara, un volant sport en cuir et Alcantara, et des inserts en Alcantara sur le tableau de bord et le tunnel central. Le style sportif est accentué par un kit carrosserie noir mat avec des inserts rouges.
Enfin, pour 900 € de plus que la version électrique Sport, on accède au pinacle de la gamme, la version Veloce de 280 ch, pour 46 900 €.
Finitions | Ibrida | Elettrica |
Junior | 29 500 € | 38 500 € |
Techno | 32 000 € | 41 000 € |
Premium | 34 500 € | 43 500 € |
Special* | 31 500 € | 40 500 € |
Sport | 37 00 € | 46 000 € |
Veloce | 46 900 € |
Édition de lancement Special
Enfin, finissons avec l’édition de lancement nommée Speciale proposée au prix de 31 500 € pour la version hybride « Ibrida » et de 40 500 € pour la version Elettrica. Cette édition combine des équipements des finitions Techno et Premium, tout en offrant des ajouts exclusifs tels que des sièges chauffants et réglables électriquement, une caméra de recul, un hayon mains libres, la navigation GPS et un câble de recharge de 11 kW pour les versions électriques (les autres finitions étant équipées d’un câble standard de 7 kW).
Une offre de location avec option d’achat (LOA) est également disponible pour faciliter l’accès à cette version, avec des mensualités à partir de 250 € et un apport initial de 3 750 €.
Style : charme à l’italienne pour l’Alfa Romeo Junior
L’Alfa Romeo Junior adopte un style tranchant, moderne, en rupture avec les lignes courbes et lisses des précédentes réalisations. Si il réussi à s’éloigner de ses cousins du groupe grâce à une silhouette compacte et athlétique et des porte-à-faux réduits ainsi que des ailes marquées, on pourra aussi lui reprocher une face avant un peu torturée. C’est surtout la calandre qui suscite l’interrogation avec un effet 3D un peu trop plastique à notre goût en dépit de la tentative de réinterprétation du biscione. À partir de 2025, la calandre « Leggenda » plus classique, arborant le nom Alfa Romeo en toutes lettres, sera proposée sur l’ensemble de la gamme.
Par ailleurs on remarque un logo noir et blanc en bout de capot, encadré par des feux Leds effilées et un retour en « C » des blocs optiques, rappelant quelque peu le Renault Captur. L’arrière du Junior s’inspire de la ligne « Codatronca » des modèles emblématiques tels que la SZ et la 8C. Cependant, on compte beaucoup trop de jeu de surfaces différentes, ce qui complexifie quelque peu le design et alourdie la poupe. Malgré cela, les feux en forme de boomerang font un clin d’œil à la Maserati 3200 GT et renforcent l’histoire sportive de la marque.
Cet aspect dynamique est mis en lumière par ses dimensions. Avec 4,17 mètres de long, 1,78 mètre de large et 1,50 mètre de haut (pour la version Veloce), il est le crossover le plus bas du segment B et il est 3 cm plus bas et 13 cm plus court que le Peugeot E-2008,
Ergonomie
À l’intérieur, le Junior reprend certains éléments communs à la plateforme e-CMP, tels que les commandes partagées avec d’autres modèles du groupe Stellantis, notamment le sélecteur des modes de conduite et le bouton B pour la régénération du freinage.
Néanmoins, Alfa Romeo a intégré quelques touches distinctives pour affirmer l’identité de la marque, à l’image du tableau de bord au style « Cannochiale » avec des compteurs circulaires, un hommage aux modèles classiques de la marque, bien que l’affichage soit désormais numérique et de forme rectangulaire.
L’attention portée aux détails est également visible dans les buses de ventilation, qui arborent un design en forme de trèfle à quatre feuilles avec le logo du Biscione. La console centrale, légèrement inclinée vers le conducteur, contribue à une bonne ergonomie, d’autant plus qu’Alfa Romeo a eu la bonne idée de conserver les boutons d’accès direct pour les réglages de la ventilation.
Technos
L’interface multimédia de 10,25 pouces du Junior n’apporte pas vraiment de nouveauté, se contentant de reproduire ce que l’on trouve chez Jeep, Peugeot ou Fiat. Si cela n’est pas forcément un défaut, la réactivité de l’écran laisse à désirer, et les menus manquent de logique, nécessitant un geste à trois doigts sur l’écran pour afficher un tableau d’icônes par exemple. Le retour arrière n’est pas intuitif non plus. Quant à la partie GPS, elle manque de précisions et n’est pas aussi réactive qu’Android Auto ou Apple CarPlay heureusement compatibles. La marque nous annonce qu’est intégré un planificateur d’itinéraire mais il y a trop peu de réglages, il sera préférable d’utiliser Chargemap par exemple puis d’envoyer le trajet à Gmap ou Waze. Toutefois, il y a une bonne nouvelle : les systèmes de maintien dans la voie et l’alerte de survitesse, inutile et intrusif, peuvent être désactivés en seulement deux clics grâce aux touches d’accès directs situés au dessus de l’écran.
L’intérieur de la version de lancement « Speciale » se distingue par une élégante sellerie « Spiga », qui marie des matériaux « soft touch » noirs à des inserts rouges. La qualité de finition et d’assemblage est globalement satisfaisante, même s’il reste encore trop de plastiques durs en dehors du haut de la planche de bord.
Habitabilité
À l’avant, les sièges offrent une bonne assise avec un maintien correct. À l’arrière, l’espace pour les jambes est un peu restreint pour les personnes de grande taille, mais reste acceptable pour des trajets de week-end pour un adulte. A condition de ne pas dépasser les 1m80, la garde au toit est également convenable. Aussi, la place centrale peut dépanner en offrant une assise qui ne remonte pas trop.
Quant au coffre, il propose un volume de 400 litres (415 litres pour la version hybride), avec un double fond, ce qui le rend compétitif dans sa catégorie : un Jeep Avenger émarge à 355 l mais celui d’un Peugeot E-2008 à 434 l.
Au Volant de l’Alfa Romeo Junior Elettrica 156 ch
Les spécifications techniques du Junior Elettrica 156 ch ne réservent pas de surprises. Le véhicule est équipé du moteur électrique e-Motor bien connu chez Stellantis, associé à une batterie CATL de 54 kWh (48,1 kWh utilisables), déjà utilisée sur les modèles Peugeot E-2008, Opel Mokka, Fiat 600e et Jeep Avenger.
Avec un couple de 260 Nm, le Junior réalise le 0 à 100 km/h en 9 secondes. C’est suffisant pour une utilisation quotidienne mais le frisson ne sera pas là. D’ailleurs, sur petites routes et en ville, la voiture se montre très typé confort. Les suspensions sont plutôt souples et la direction est légère. L’inscription en virage est saine et la conduite se fait en toute sérénité. A rythme cool, le Junior est rassurant. Cependant, à bord d’une Alfa Romeo, même de base et qui plus est quand on s’appelle Junior, on s’attend à un peu plus de caractère, à une petite étincelle qui vous différencie des autres conducteurs et rend la conduite moins « monotone ».
Pour réveiller le tempérament de l’italienne, on passe en mode « Sport » et on la pousse dans les courbes de l’arrière-pays marseillais. La réponse de l’accélérateur devient alors plus vive et la direction se raffermit légèrement. Hélas, il n’y aura rien de plus. Le train avant montre rapidement ses limites avec un sous-virage marqué et les suspensions s’affaissent lorsque le tape dans les freins. Plus désagréable, la direction est peu communicative rendant difficile la perception précise du placement du train avant. En somme, oubliez l’idée de conduite sportive avec ce modèle. C’est étonnant mais une 600e nous avait semblé pourtant moins paresseuse sur petites routes. En attendions nous trop vis à vis du badge Alfa ? Quoi qu’il en soit, les amateurs de sensations un peu sportives devront se tourner vers la version Veloce.
Consommation de l’Alfa Romeo Junior électrique 156 ch
Doté de sa chaîne de traction bien connue et d’une batterie de 54 kWh, l’Alfa Romeo Junior Elettrica de 156 ch affiche une autonomie de 410 km selon la norme WLTP, avec une consommation moyenne annoncée de 15 kWh/100 km. Lors de notre essai, sans pratiquer d’éco-conduite particulière et sur un trajet combinant ville et routes départementales, nous avons relevé une consommation moyenne de 16,9 kWh/100 km.
En milieu urbain, il est toutefois possible de descendre en dessous des 14,5 kWh/100 km, ce qui permettrait d’approcher les 400 km d’autonomie. En revanche, la prudence s’impose sur autoroute, où nos tests sur des modèles équipés de la même chaîne de traction ont systématiquement montré une consommation dépassant les 21 kWh/100 km.
Temps de recharge
En ce qui concerne la recharge, la puissance maximale est limitée à 100 kW en courant continu (DC) sur un superchargeur. Il faut donc prévoir 27 minutes pour passer de 20 % à 80 % de charge. Sur une borne domestique Wallbox de 11 kW, le temps de recharge complet est de 5h45, comme pour les autres modèles utilisant cette plateforme.