Ducati a fait sensation fin 2023 avec le lancement de son tout nouveau moteur monocylindre Superquadro Mono de 659 cm³, le monocylindre de route le plus puissant et à la plus haute vitesse de rotation jamais produit. En version standard, il développe une puissance de 77,5 ch à 9 750 tr/mn et un couple de 63 Nm à 8 000 tr/m ! Avec un silencieux Termignoni la puissance atteint même 84,5 ch. Pas mal pour une moto de 151 kg !
Ce moteur a rapidement trouvé sa place dans une nouvelle gamme supermotard composée de deux modèles : l’Hypermotard 698 Mono au prix de 12 990 € et la version RVE à 13 990 €, en concurrence directe avec le KTM 690 SMCR à 12 649 €, référence de la catégorie des supermotards homologués pour la route.
Bien que rapides, radicales et très amusantes, ces Ducati ont suscité l’espoir de nombreux passionnés de voir, lors du salon EICMA de Milan en novembre 2024, le lancement d’un modèle plus accessible utilisant le moteur Superquadro. Avec sa position de conduite, son châssis et son architecture, la plateforme semblait parfaitement adaptée à une moto plus orienté off-road. Certains n’excluaient pas non plus le retour d’une machine de piste légère et agile équipée de ce monocylindre, à l’image de feu la Supermono 549 cm3 des années 90 (limité à seulement 30 exemplaires).
Ducati écarte la possibilité d’autres modèles sur la plateforme Superquadro Mono
Malheureusement, ces espoirs viennent d’être douchés. Lors d’une interview exclusive accordée au magazine anglais MCN, le responsable du marketing produit de Ducati, Domenico Leo, a confirmé qu’aucun autre modèle ne serait prévu à partir de cette plateforme.
« Pour le futur, je ne sais pas si c’est le bon moment de proposer quelque chose de trop différent sur le marché », a-t-il déclaré. « Vu la situation actuelle, nous devons créer des produits qui correspondent parfaitement aux besoins du marché. Nous ne pouvons pas explorer d’autres possibilités pour le moment. »
Une stratégie prudente face aux risques économiques
Domenico Leo, qui était le chef de projet du véhicule 698 Mono avant de prendre son poste actuel début 2023, a ajouté : « Dans cette situation, peut-être que dans un ou deux ans, nous pourrons changer quelque chose, mais actuellement, cela représente un risque important. Chez Ducati, nous avons beaucoup d’employés, et la stratégie de la marque doit garantir la sécurité de tous. »
La situation évoquée fait référence à l’évolution du marché de la moto post-pandémie. Après une forte hausse de la demande pendant la crise sanitaire, les ventes ont ralenti, laissant les concessionnaires avec des stocks excédentaires.
Malgré ces inquiétudes, Ducati a clôturé l’année 2023 avec un chiffre d’affaires dépassant le milliard d’euros et un bénéfice de 112 millions d’euros, grâce à la vente de 58 224 motos neuves.
Maintenir un équilibre entre stock et demande
« Bien sûr, la situation est la même pour tous les constructeurs, avec un pic post-pandémique suivi d’un ralentissement », a expliqué Patrizia Cianetti, directrice marketing et communication de Ducati. « Mais nous avons su maintenir un juste équilibre entre le niveau des stocks et celui des livraisons. »
Elle ajoute : « Nous voulons protéger nos clients et préserver la valeur de nos motos. C’est pourquoi la valeur résiduelle des modèles Ducati est aujourd’hui l’une des plus élevées du marché. Nous avons su anticiper la situation. »
Attirer un public plus jeune…
L’un des objectifs de Ducati avec le lancement de la gamme Mono était d’attirer une clientèle plus jeune vers la marque premium. Lors du salon EICMA 2023, le responsable du design chez Ducati, Andrea Ferraresi, a expliqué : « Nous avons une part de marché importante dans cette niche, et nous souhaitions capter l’attention d’un public plus jeune. Nous avons donc pensé qu’un super-motard monocylindre serait un choix pertinent. »
Mais en réalité, bien que l’hypermotard 698 Mono soit adaptables au permis A2, selon les dernières déclarations, les ventes ne reflètent pas cet objectif :
« Nous n’attirons pas tant les jeunes motards que des passionnés plus âgés », a reconnu Domenico Leo. « Ce sont souvent des motards ayant possédé des superbikes, qui, à 40 ou 50 ans, essaient cette moto et en tombent amoureux. » Et on les comprend, votre serviteur est aussi tombé amoureux du mono-cylindre il n’y a pas si longtemps après être passé par les « multi ».