Après le lancement réussi de la berline hautes performances Seal sur le marché français, voici que le géant chinois BYD en décline sa version SUV, baptisée Seal U. Si le patronyme est proche, certaines différences techniques sont criantes. Découvrez notre essai de ce modèle familial 100% électrique !
C’est un paradoxe, mais depuis la fin (provisoire ?) de la crise sanitaire liée au Covid-19, les constructeurs chinois font feu de tout bois sur le marché Européen. En France, la forme exceptionnelle de MG Motors (34 441 immatriculations dans l’Hexagone en 2023), il est vrai bien aidé jadis par le bonus écologique, a suscité l’attention de BYD, leader mondial de la fabrication de batteries.
Le poids lourd chinois développe en effet sa branche automobile à marche forcée depuis 2003, et cela paye, puisque BYD est passé devant Tesla au quatrième trimestre de l’année dernière avec 525 000 immatriculations contre 484 000 pour l’américain. Chez nous, le constructeur de Shenzhen tisse sa toile et ambitionne de proposer ses nouveaux modèles dans près de 100 points de vente à la fin 2025.
BYD Seal U, Présentation
Après les lancements mitigés des BYD ATTO 3 et Dolphin, aux prestations sensiblement en retrait de la concurrence, la marque chinoise se devait de corriger le tir. Ce fut chose faite avec l’arrivée de la routière Seal en fin d’année dernière. Cette concurrente de la Tesla Model 3 offre ainsi un rapport équipements/prix très agressif, malgré l’absence de bonus, son autonomie est plutôt bonne sur autoroute, et ses performances sont dignes des meilleures sportives.
Nous étions dès lors très motivés à l’idée de prendre le volant de son pendant SUV, une architecture qui continue à plaire sur le marché français, et qui devrait – sur le papier du moins – réaliser l’essentiel des ventes chez nous.
Le BYD Seal U, puisque c’est de lui qu’il s’agit, aura du pain sur la planche sur le marché français, car il va devoir affronter des modèles bien implantés comme les Tesla Model Y ou Skoda Enyaq, voire des concurrents plus petits mais très agressifs comme les Renault Scénic E-Tech et Peugeot e-3008. S’il n’est disponible pour l’heure qu’en version 100% électrique, une prochaine mouture hybride rechargeable pourrait lui permettre néanmoins de tirer son épingle du jeu, à l’heure où les ventes d’électriques s’essoufflent.
BYD Seal U, Tarifs, finitions et équipements
Soyons honnêtes, si les ventes de voitures électriques ne progressent plus aussi vite, c’est surtout en raison de leurs tarifs élevés, et la réduction progressive des aides à l’achat pour cette catégorie de voitures.
Fabriqué en Chine, le BYD Seal U ne dispose donc d’aucun bonus en 2024, mais peut compter sur des prix assez serrés. Il débute ainsi à 41 890 € en finition Comfort et est associé à la batterie de 71,8 kWh. Cette version dispose déjà d’un équipement très complet, puisque l’on dispose d’office de la pompe à chaleur, de la peinture métallisée, du chargeur V2L bidirectionnel, du toit ouvrant panoramique, des sièges avant électriques, chauffants et ventilés, de l’écran tactile rotatif de 12,8” et pléthore d’aides à la conduite.
Pour disposer de la version à grande autonomie, baptisée BYD Seal U Design, associée à la batterie de 87 kWh, il faut cette fois investir 45 390 €. Ici, la dotation est pléthorique : affichage tête haute, chargeur de smartphone à induction, système audio Infinity, écran tactile rotatif de 15,6”, système de purification d’air… Notons enfin que tous les modèles sont garantis 6 ans ou 150 000 km (contre 4 ans/80 000 km pour Tesla et 2 ans/km illimité chez Skoda).
Modèles | Tarifs |
BYD SEAL U Comfort 71,8 kWh | 41 890 € |
BYD SEAL U Design 87 kWh | 45 390 € |
BYD Seal U, Design
Le BYD Seal U est un grand SUV de 4,79 m de long pour 1,89 m de large. Pas déplaisant à regarder, malgré son manque de personnalité, le Seal U se distingue par son porte à faux avant important et par une ceinture de caisse assez haute. Enfin, et c’est hélas souvent le cas aujourd’hui, la poupe adopte une faible surface vitrée, peu avantageuse en matière de visibilité périphérique.
Notons qu’en usage citadin, le Seal U possède une carrosserie presque intégralement peinte et donc exposée aux frottements. Seuls les passages de roue et les bas de caisse sont protégés contre ces désagréments.
Habitacle
Plus consensuelle que sur les autres modèles de la gamme, la planche de bord séduit toutefois par son sérieux. Assemblage et qualité de matériaux n’ont pas à rougir de ce qui se fait ailleurs, et la sellerie en simili cuir “vegan” fait bien le job en termes de standing, tout comme le levier de vitesses type “cristal” alors que les différentes ambiances intérieures se chargent d’épater vos voisins. Et puis, avec le grand toit vitré, la luminosité est bonne, même si l’on opte pour un intérieur noir.
Habitabilité
Bien calés dans les sièges, on apprécie l’espace dévolu aux passagers et les nombreux rangements, notamment sous la console centrale et les grands bacs de portes. A l’arrière, l’absence d’un tunnel de servitude et la banquette inclinable permettent à deux adultes et à un enfant de s’asseoir avec une belle aisance et d’envisager les longs trajets avec sérénité.
Dommage cependant que le seuil de chargement du coffre soit si élevé pour un SUV à vocation familiale, et que le volume du coffre ne soit pas plus important. D’ailleurs, les 552 litres affichés sur le dossier de presse sont trompeurs, car ils correspondent au volume du plancher au toit, et non sous la tablette comme il est d’usage de le mesurer. Rappelons toutefois qu’en la matière, BYD communique de la même façon que Tesla en annonçant un volume sous hayon uniquement.
BYD Seal U, Technologie
Sur notre version d’essai Design, nous disposions du plus grand écran numérique de la gamme, à savoir cette fameuse dalle de 15,6” qui a la particularité de pivoter selon les envies. Gadget pour certains, cet écran a le mérite d’offrir une belle luminosité et une réactivité appréciable, même si graphiquement il paraît déjà un peu daté. L’essentiel est toutefois ailleurs, et malgré ses nombreux menus, surfer dessus est plutôt intuitif. Pour les plus réfractaires, notons que des touches physiques pour le volume de la radio et la climatisation sont toujours disponibles près du levier de vitesse. Ouf, l’honneur est sauf.
Déception par contre pour l’instrumentation, qui s’affiche sur un écran LCD de 12,3”. Le rendu est ici un peu simpliste et loin de l’image techno que l’on pourrait se faire de ce type d’auto. Pour le reste, le BYD Seal U dispose de tous les raffinements attendus dans la catégorie, comme la compatibilité avec Android Auto et Apple Car Play, la commande vocale intelligente, la connectivité 4G et l’accès au Cloud gratuitement pendant 10 ans.
Au volant du BYD Seal U
La lecture de la fiche technique est plutôt flatteuse. Un moteur synchrone à aimant permanent fort de 218 ch, une valeur de couple comprise entre 310 Nm et 330 Nm selon les versions et le choix, on l’a vu, entre deux batteries de 71,8 kWh et 87 kWh.
Le BYD Seal U peut aussi se targuer de disposer de piles à technologie Blade, entendez par là, Nickel Fer Phosphate et sans matériaux rares. Sur le papier, ce procédé offrirait une meilleure sécurité que sur les autres batteries, alors que la pompe à chaleur améliore le rendement de cette dernière, notamment en cas de températures extrêmes.
Enfin, et contrairement à la berline Seal, le SUV dispose d’un autre… châssis. Alors que nous avions apprécié la plate-forme de propulsion (ou 4×4) de la routière, on dispose sur le Seal U d’un châssis traction moins séduisant.
Dès les premiers tours de roue, on apprécie forcément le silence et le confort à basse vitesse. Très souplement amorti, le BYD Seal U adore le bitume lisse et la conduite pépère. Pourtant, c’est en haussant le rythme que l’on commence à remarquer ses nombreuses imperfections. Le train avant est très rapidement dépassé, malgré une puissance qui n’a rien d’exceptionnelle. Sur chaussée gras/mouillé, ce dernier conjugué aux pneus Michelin e-Premacy avoue très vite ses limites en motricité et en adhérence latérale. Heureusement que les aides à la conduite veillent au grain.
Et puis, dès que la chaussée se dégrade, la suspension trop souple engendre des mouvements de caisse très importants et désagréables pour les passagers. Enfin, malgré une consistance de la direction correcte en mode Sport, l’agilité est loin d’être le fort du Seal U, qui pâtit en outre d’une masse très importante (2 147 kg en finition Design). Avec un tel poids, le moteur offre juste des performances honorables (0 à 100 km/h en 9,6 s), mais en retrait de la concurrence.
BYD Seal U, Consommation
Très déceptif en matière de comportement routier, le BYD Seal U va-t-il se rattraper en matière de consommation. Pour un usage familial, la version de 87 kWh est toute indiquée, surtout pour emprunter les autoroutes. Selon le constructeur, la consommation en cycle mixte serait de 20,5 kWh pour une autonomie d’environ 500 km.
Soyons honnêtes, lors de notre journée d’essais, nous n’avons pas pu confronter le Seal U à nos routes habituelles, mais nous avons pu néanmoins en dégager une tendance. Un parcours essentiellement composé de routes en milieu urbain et péri-urbain, nous permet d’obtenir un bon 19,1 kWh/100 km, malgré l’absence d’un freinage récupératif probant. On peut donc tabler sur du 450 km dans ces circonstances. Lors de quelques incursions sur autoroute, nous dépassons les 22 kWh, ce qui fait chuter l’autonomie espérée à moins de 400 km, une valeur du reste encore raisonnable.
Mais alors que l’on s’attendait à des performances de recharge de premier ordre pour un spécialiste des batteries, BYD n’offre qu’un banal plein en 11 kW en courant alternatif (soit 9h20 pour une charge complète) et 140 kW (sur Design) en charge continue (10-80% de batterie en 43 min). Encore une fois, la concurrence fait mieux.