Mazda nous a offert une occasion rare : tester le CX-60 diesel sur un périple de plus de 1200 kilomètres à travers les terrains rocailleux du Haut Atlas marocain. Entre Marrakech et Ouarzazate, ce SUV a été poussé hors de sa zone de confort habituelle, promettant un essai inoubliable et révélateur de ses véritables capacités.

Road-trip marocain à bord du Mazda CX-60 3.3 eSkyActiv-D 254 ch AWD

Dans la plupart des cas, essayer un véhicule lorsqu’on est journaliste automobile, c’est disposer de quelques heures à son volant pour en jauger les principales qualités et les défauts les plus saillants. Mais rares sont les cas où ces véhicules sont sortis de leurs zones de confort : environnement urbain pour une citadine, autoroute pour une familiale, Pays-Bas ou Scandinavie pour une électrique…

Deux Mazda CX-60 nous accompagnerons durant ce road trip de 1 200 km au maroc, une rouge

Alors quand Mazda nous a proposé la possibilité de réaliser un périple de plus de 1200 kilomètres en deux jours à bord du CX60 diesel, nous n’avons pas hésité longtemps. D’autant moins longtemps que le terrain de jeu proposé n’était a priori pas forcément favorable à ce SUV très civilisé, la plupart de ce temps de roulage étant prévue sur des pistes rocailleuses encadrant le Haut Atlas marocain, entre Marrakech et Ouarzazate. Aller par la route ouest et retour par celle située à l’est : a priori rien d’insurmontable pour le CX-60. A priori…

Mazda CX-60 3.3 l eSkyactiv D, premier contact

Le départ est fixé à 7h30 heures.

A cette heure matinale, il fait déjà un bon 19 degrés sur Marrakech et, comme on dit, « il y a d’la route ». Pas moins de 600 kilomètres pour relier les environs de Ouarzazate où un logis typique de la région nous attend, au milieu du désert, pour passer la nuit suivante.

et une grise.

Pour y arriver, nous disposons du SUV Mazda CX 60 e-Skyactiv D. Ce SUV familial de 4,75 m était jusqu’à récemment, avant le le CX80 ne soit dévoilé, le porte drapeau de la marque japonaise en Europe. Il est surtout l’un des rares de son espèce à s’offrir avec un moteur diesel, plus précisément un 6 cylindres en ligne de 3,3 litres développant 254 chevaux et 550 Nm couplé à une micro-hybridation 48 V, une première pour la marque.

Que ce rendement au litre a priori un peu faiblard ne vous trompe pas, ce bestiau doté d’une transmission intégrale reste capable de belles accélérations, avec un 0 à 100 km/h abattu en 7,4 secondes. Taillé davantage pour les grands espaces que pour les centres-villes, le CX-60 affiche une longueur de 4,74 m, une largeur de 1,89 m et une hauteur de 1,68 m. L’empattement de 2,87 m devrait quant à lui offrir un bon espace habitable.

Mazda CX-60 Diesel, un habitacle accueillant

Installée au pied de la banquette arrière, une petite glacière électrique branchée sur la prise 12 volts de bord est censée garder au frais nos sandwiches et bouteilles d’eau prévue pour nous alimenter et nous rafraîchir tout au long du trajet. Le coffre de 570 l, lui, voit une partie de sa capacité de chargement utilisée pour loger une roue de secours.

Ce petit luxe pourrait bien se montrer grandement utile car si les premiers kilomètres s’effectueront sur des routes au tarmac impeccable, celles-ci laisseront bien vite la place à des revêtements bien moins soucieux du confort de roulage. Quand toutefois il y avait encore un revêtement. Et pour nos Bridgestone de 18 pouces normalement réservés à un usage purement routier, l’exercice n’a rien d’évident a priori.

Cap plein sud vers Asni à bord du CX-60 6 cylindres Diesel hybride

À une quarantaine de kilomètre de Marrakech, cette ville moyenne de la province d’Al Haouz, située au pied du flanc nord de l’Atlas, est aujourd’hui connue pour avoir été l’une des communes les plus proches de l’épicentre du dévastateur tremblement de terre qui a secoué la région et endeuillé le Royaume en septembre 2023. À l’époque, l’armée y avait installé en quelques heures un important hôpital de campagne pour y prendre en charge les nombreux blessés et victimes polytraumatisées du séisme dont l’état ne nécessitait pas une évacuation vers Marrakech.

Aujourd’hui, la majeure partie de la ville est en ruines et les voies de communication terrestres sont à peine déblayées. Tout du long des ornières et restes de bitume qui constituent la route, se dressent des tentes de fortunes faites de bric et de broc ou, pour les « mieux » lotis, des algecos et containers transformés en abris. Dans leur malheur, les riverains bénéficient toujours de l’eau du lac de barrage de l’oued Ntiss où l’armée puise inlassablement la précieuse ressource.

Notre route, ou le peu qu’il reste parfois du ruban quasi centenaire de la R203, nous mène ensuite vers le col de Tizi N’Test. Situé à 2100 mètres d’altitude, ce sommet marque le point de bascule vers l’Anti-Atlas et la province de Taroudant, au sud. Déjà trois heures au volant — mais seulement 130 kilomètres — nous séparent alors de notre point de départ. C’est exactement ce qu’il faut pour apprécier l’accueil du merveilleux petit café qui nous tend les bras pour notre première pause et qui, comme par miracle, a été épargné par le tremblement de terre.

Mazda CX-60 Diesel hybride, ergonomie

Le lodge que nous devons rallier le soir même est encore à au moins 7 heures de route, c’est donc l’occasion aussi de rentrer un peu plus dans les détails de SUV hybride diesel. Le CX60 est de ces bon gros pépères plutôt typés confort et où tout tombe encore naturellement sous la main du conducteur. Dans l’esprit Jinba-ittai, c’est à dire l’osmose entre le conducteur et la machine prônée par le constructeur, Mazda n’a pas cédé à la mode du tout tactile et propose donc un équipement majoritairement utilisable à l’instinct, depuis les différentes touches disposées autour de la planche de bord.

Pour régler la clim ? Inutile de se plonger dans un aussi insondable que pénible menu sur l’écran : il suffit de manipuler un petit bouton basculant. Étonnant, non ? Cette nouveauté est si pratique qu’on ne doute pas que de nombreux constructeurs finiront par la copier. Ah, et figurez-vous que pour régler le volume de la radio, il faut tourner une molette. C’est déroutant, mais bougrement pratique et on finit par s’y habituer… Taquins, nous ? Pensez-donc !

Beaucoup de confort, un peu de tech

Avec toute cette lowtech, on finirait presque par ne pas remarquer que le combiné d’instrumentation est, lui, 100 % numérique et s’affiche sur une dalle TFT de 12,3 pouces bien lisible. Il faut dire que l’élégant dessin du compte-tour et des jauges donnent quasiment l’illusion d’être physiques. Pas de couleurs criardes, on reste dans une ambiance zen.

Du côté de l’info-divertissement, celui-ci repose sur une dalle de 12,3 pouces aussi mais qui affiche un format paysage agréable pour la réplication Android Auto et Apple CarPlay. Notez toutefois qu’elle n’est pas tactile en roulant et qu’elle repose sur une navigation interne fluide qui s’opère par une molette posé en pieds de console. Déroutant pour les habitués du tout-tactile mais ergonomique et finalement intuitif d’autant qu’elle tombe directement sous la main avec le coude posé sur l’accoudoir.

La route qui mène à Taroudant coïncide toujours avec la ligne de fracture du tremblement de terre de l’automne et nombreux sont encore les villages dévastés sur le chemin. À 14h30, jugeons raisonnable de refaire une pause. Le temps d’ouvrir la glacière et de nous sustenter par près de 40 degrés à l’ombre (mais qui nous obligeait à rester à l’ombre, aussi ?), nous voilà repartis. Les paysages se font de plus en plus désertiques et, pour certains, évoquent ceux de la Vallée de la mort, dans le grand ouest américain.

Au volant du Mazda CX-60 3.3 eSkyActiv D

Le tarmac de la N10 est étonnamment lisse, ce qui nous permet de hausser un peu l’allure. Une formalité pour les 3,3 l de cylindres de ce SUV. Grâce aux 6 cylindres en lignes, chaque accélération, à défaut d’offrir une poussée qui vous colle véritablement aux sièges, vous gratifie d’un grondement sourd et enchanteur. Quel velouté, quelle sonorité !

Associé à la boite de vitesse automatique 8 rapports, les 550 Nm de couple sont disponibles dés les plus bas régimes. les passages de rapports s’opère sans a coups et surtout on profite de la transmission intégrale permanente i-Active qui assure une bonne traction sur les routes ensablée de notre périple.

Notre prochain point de passage se situe un peu après Tassousfi, encore à plus d’une heure. Il faudra alors décider du chemin à emprunter : une route courte vers l’est qui, en une grosse heure, nous mettrait à 17h30 au lodge, ou une plus longue de trois heures avec un gros détour par le sud et la ville de Tata. Nous finissons par opter pour la longue. Au programme, entre autres réjouissances, la traversée du sud au nord de la chaîne montagneuse Jebel Bani. En son sud s’ouvre l’aride désert du Sahara tandis que vers le nord, à 1 100 mètres d’altitude, se trouve la prospère ville de Ouarzazate.

Modes de conduite

On a alors tout le temps de se plonger dans l’examen des modes de conduite, au nombre de 4 sur notre CX-60 3,3 Skyactiv D. Le mode Normal offre un équilibre entre rendement énergétique et performances. Le mode Sport permet de tirer pleinement parti des performances optimiser la réactivité du moteur pour une conduite plus enlevée. Le mode Off-Road améliore la transmission intégrale, l’antipatinage (TCS) et d’autres systèmes dynamiques pour optimiser la motricité sur terrain accidenté. Il inclut également l’« off-road traction assist » pour aider le conducteur à dégager le véhicule en cas d’enlisement. Enfin, le mode Towing est dédiée au remorquage et optimise non seulement la traction mais aussi la stabilité en ligne droite. Notez qu’un mode full EV est disponible sur la version hybride rechargeable, car oui, ce CX-60 est aussi disponible en version 2,5 l PHEV de 327 ch.

Dans ce territoire berbère, la végétation se fait rare et les premières dunes de sable apparaissent, mais la route est des plus roulantes et nous voici remontant vers Taznakht. Située à un carrefour stratégique, cette grosse bourgade dont la spécialité est le tissage de tapis berbères a toujours été un lieu important pour le commerce. Encore un petit détour vers le nord avant de repiquer vers Ouarzazate que nous laisserons à notre gauche pour prendre la direction de la petite oasis qui nous accueillera pour la nuit, à l’écolodge Ouednoujoum.


Avec une régularité métronomique, le six cylindres diesel en ligne du CX60 — aidé pour la première fois sur un diesel de la marque par la micro hybridation 48 volts — a affiché une consommation de 6,9 l /100 km de carburant tout au long du parcours, si bien qu’après les plus de 600 kilomètres parcourus en une douzaine d’heures durant cette journée, il nous reste encore environ 80 kilomètres d’autonomie dans le réservoir.

Mais le plus important, c’est que même si la journée à bord a été longue, nous sommes finalement étonnamment frais. Le CX-60 s’est montré confortable dans l’ensemble et particulièrement bien insonorisé, ce qui participe forcément au confort de roulage. On regrettera tout de même l’absence d’une fonction massante sur les sièges qui aurait pu contribuer à détendre un peu certains muscles du dos.

Dans l’enfer de la piste

Si la route aller nous avait déjà réservée quelques surprises et passages difficiles, ce n’était rien à côté de ce qu’allait nous infliger certaines pistes de cette route retour.

Après une courte nuit, il est à peine 7h30 quand nous prenons la direction de Ouarzazate pour faire le plein de carburant. Puis, cap sur les gorges Dades pour la première section de notre parcours. Nous ferons un bout de chemin accompagnés d’une trentaine de Renault Twingo 1 engagées dans un raid touristique, que nous laisseront en haut du col.

Alors que nous entamons notre descente vers la province de Tinghir, la route qui serpente le long de la montage nous évoque dans son dessin la Transfagarasan, en Roumanie. Cette route nous permettra de voir que les suspensions n’aiment pas être trop malmenées et que la caisse prend tout de même pas mal de roulis en appui. La vallée est ici surnommées Vallées des 1000 kasbahs, du nom de ces fortifications érigées en protection des tributs hostiles. Il faut dire que, malgré le désert et les montages alentours, les terres irriguées par des cours d’eau dévoilent une végétation étonnamment luxuriante.

Et puis, rapidement, le luxueux bitume de la R704 va laisser place à un véritable enfer matérialisé par une piste composée d’une roche tranchante qui doit nous mener, 25 kilomètres plus loin, au sommet de la plus haute route de l’Atlas, à plus de 3000 mètres d’altitude. Nous passons évidemment en mode Off-Road et nous croisons les doigts pour ne pas déchirer un pneu, d’autant que nous croiserons plusieurs véhicules victimes de crevaison.

Le conducteur d’un Land Rover Defender dernier cri équipé de gros pneus à crampons et immatriculé en Suisse que nous croisons nous fait bien comprendre que nous devons être un peu fous pour nous aventurer sur pareil « route » avec notre SUV plus équipé pour l’autoroute que pour le tout terrain. Mais au bout du compte, ça passe !


Mazda CX-60 3.3 eSyactiv Diesel, une machine à voyager en toute sérénité

En haut du col, nous marquons une halte pour savourer le moment, l’occasion de croiser deux bonnes vieilles Deuches, une berline et une fourgonnette, qui se dirigent en sens inverse et sans appréhension perceptible vers l’enfer que nous venons de traverser. Ici, le paysage est somptueux et l’on devine le Toubkal, plus haut sommet de l’Atlas avec ses 4 167 m.

La redescente est un jeu d’enfant, la caillasse ayant laissée place à un bitume impeccable.

Deux heures de route plus tard, nous choisissons de nous restaurer au bord du lac de Tislit, à l’endroit même où les tribus locales mènent les troupeaux pâturer durant l’été. Bien que perché à 2 100 mètres d’altitude dans le Haut Atlas, on y trouvera tout juste un peu de fraicheur avant de repartir.

Ce lac marque en quelque sorte le dernier point d’exotisme dans ce périple, car une fois que s’éloigneront les très beaux paysages de l’Atlas, la Nationale 8 qui nous mènera de la grande ville de Béni Mellal — au pied du Moyen Atlas — à Marrakech, est une interminable quasi ligne droite traversant de nombreux villages, mais surtout sur laquelle il est le plus souvent difficile de doubler les parfois improbables véhicules qui y circulent en très grand nombre et dans les deux sens.

Et pour ne pas avoir été vigilants, nous écoperons même d’un PV à 50 euros pour avoir rouler à 90 km/h au lieu de 80. Ici aussi, la police est équipée de cinémomètres laser dernier cri et se montre intraitable. Pour ces derniers 200 kilomètres, il nous faudra près de 4 heures. Paradoxalement, alors que le goudron y est de plutôt bonne qualité, ce sera, après deux jours au volant, la partie la plus éprouvante de notre périple.

Nous les avons d’ailleurs parcourus si lentement que, bien qu’ayant roulé près de 650 kilomètres durant cette journée, nous achèverons ce voyage avec encore, selon l’ordinateur de bord, 250 kilomètres d’autonomie. L’économètre, lui, n’a pas varié depuis le départ, avec une consommation établie à 6,9 l/100 km. Une belle performance pour ce bébé de 1,9 tonne !

mazda cx-60 6 cylindres diesel hybride, 3.3 eSkyactiv D recouvert de poussière après 1200 km au Maroc

Mazda CX-60 Diesel hybride, gamme et prix

Le Mazda CX-60 3.3 eSkyactive D 254 ch et 4 roues motrices débute à 58 300 € en finition Exlusive-Line. Il propose déjà à ce prix toutes les aides à la conduite classique comme des feux Leds, l’affichage tête haute, la régulation intelligente de la vitesse, la camera de recul, la reconnaissance des panneaux, la surveillance des angles mort, la surveillance d’ouverture des portes, la compatibilité Android Auto, Apple CarPaly, la navigation connectée et des jantes de 20 pouces. La finition Homura à 64 150 € offre en plus une sellerie en cuir et le régulateur de vitesse adaptatif avec fonction Stop&Go. Et en finition Takumi à 65 650 € on a droit à une sellerie en cuir Nappa Blanc. Pour faire baisser les coûts, la version 3.3 eSkyactive D 200 ch propulsion uniquement démarre à 53 150 €. Enfin, la version hybride rechargeable 2.5L e-SKYACTIV PHEV 327 ch débute quant à elle à 57 450 €.

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Son initiation dans le monde des essais automobiles a commencé avec la New Beetle Cabriolet, une voiture plaisir pour laquelle il effectue le reportage et rédige l'article. C'était en 2003, et depuis, il a réalisé de nombreux autres essais qui ont marqué l'évolution de l'industrie auto, aussi bien sous le capot que dans les habitacles. Cependant, 20 ans après ses débuts, il n'a toujours pas rencontré de voiture autonome capable de fonctionner sans intervention humaine. Ce n'est pas pour lui déplaire, car il aime avoir les mains sur le volant !
essai-mazda-cx-60-diesel-6-cylindres-a-lassaut-du-marocLe Mazda CX-60 3.3 eSkyActiv Diesel est une espèce à part. Complètement à contre-courant des modes et du politiquement correct, il se pose simplement là où il doit être avec son gabarit et sa cylindrée assumée comme l'un des meilleurs SUV de sa catégorie. Les "peines-à-jouir" pleurnicheront sur sa motorisation, ceux qui l'essayeront sauront qu'il distille un excellent agrément de conduite, qu'il est confortable et relativement sobre. Il n'est pas parfait pour autant puisque son châssis manque de dynamisme, que son interface multimédia est loin de faire l'unanimité parmi les plus geeks et surtout il est franchement cher. Mais voilà, il a ce petit quelque chose d'unique et de singulier qui en fait une voiture encore capable de provoquer des émotions. Une denrée de plus en rare de nos jours.

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