Depuis son lancement en 2020, la Toyota GR Yaris a su s’imposer comme une référence incontournable sur le segment des petites sportives. Au point d’être considérée par certains comme la meilleure petite GTi de l’histoire. La version 2024 apporte tellement de modifications qu’elle est quasiment une nouvelle voiture. On vous dit tout dans notre test sur route et sur circuit !
La Toyota GR Yaris s’est déjà inscrite comme une véritable icône dans l’histoire du sport automobile. Encensée unanimement par nos confrères, plébiscitée par les passionnés de sport auto et adoptée aussi bien par des pilotes de rallye que par des compétiteurs de championnat, amateurs ou professionnels, cette compacte survitaminée est considérée comme l’une des meilleures héritières de l’âge d’or des GTi.
Même Toyota n’y croyait pas autant
Pour l’anecdote d’ailleurs, lorsqu’elle arrive en 2020, Toyota fait preuve de prudence en prévoyant une production limitée à seulement 21 unités chez nous. Cependant, le constructeur sous-estime largement l’engouement suscité par cette compacte survitaminée, car pas moins de 365 exemplaires trouvent preneurs cette année-là. Entre 2020 et 2023, ce sont finalement 1 026 GR Yaris qui seront immatriculée dans notre pays, alors que l’objectif initial était fixé à 101 exemplaires.
La GR Yaris est une référence tellement aboutie que l’on pouvait légitimement se demander si Toyota pouvait encore améliorer cette formule gagnante. Contre toute attente, le constructeur japonais a relevé le défi en poussant encore plus loin l’optimisation de bombinette.
En effet, le constructeur n’a pas ménagé ses efforts pour justifier la désignation de « nouvelle GR Yaris ». Parmi les évolutions les plus importantes, on retrouve donc une motorisation revisitée avec un trois cylindres turbo encore plus puissant et coupleux, ainsi qu’une boîte automatique à huit rapports, une première pour ce modèle.
En parallèle, le châssis a été rigidifié, les suspensions recalibrées et des améliorations ont été apportées à l’ergonomie de la planche de bord, ainsi qu’à la position de conduite, pour une expérience encore plus immersive et aboutie.
Motorisation et performances de la GR Yaris 2024
Le cœur de la GR Yaris 2024 demeure le moteur trois cylindres en ligne de 1,6 litre, mais il est désormais optimisé pour délivrer une puissance accrue de 280 ch à 6 500 tr/min et un couple maximal de 390 Nm entre 3 250 et 4 600 tr/min. Cette augmentation de 19 ch et 30 Nm par rapport à la version précédente est rendue possible grâce à un turbo plus performant et à des améliorations internes telles que des pistons allégés et un système de soupapes renforcé. Ces modifications permettent à la GR Yaris d’abattre le 0 à 100 km/h en seulement 5,2 secondes, quelle que soit la transmission choisie, et d’atteindre une vitesse maximale de 230 km/h.
GR Yaris 2024, Transmission et châssis
La nouveauté majeure de cette édition réside dans l’introduction d’une boîte automatique à 8 rapports, développée en collaboration avec Aisin, offrant des passages de vitesses rapides et une gestion intelligente adaptée à une conduite sportive. Cette transmission s’ajoute à la boîte manuelle 6 rapports déjà existante, permettant aux conducteurs de choisir selon leurs préférences.
Le système de transmission intégrale GR-Four ( à double différentiel) a également été revu, proposant trois modes distincts : Normal (répartition fixe 60% avant / 40% arrière), Gravel (53% avant / 47% arrière) et Track, qui ajuste automatiquement la distribution du couple jusqu’à 70% sur l’arrière, optimisant ainsi la motricité selon les conditions de conduite.
Le châssis bénéficie aussi d’une rigidité accrue grâce à des renforts supplémentaires et à une suspension avant retravaillée censé améliorer la précision et l’agilité de la sportive. Les suspensions ont été raffermies, avec des barres anti-roulis avant plus rigides et des ressorts plus fermes aux quatre coins. Enfin, les jantes de 18 pouces sont chaussées de pneus Michelin Pilot Sport 4S.
Gamme GR Yaris
Ces modifications rendent superflue l’option Circuit Pack proposée sur la version originale de la GR Yaris, qui a été supprimée. Toyota a également introduit deux éditions spéciales célébrant ses succès en rallye avec les champions du monde Sébastien Ogier et Kalle Rovanperä. Ces modèles bénéficient de réglages spécifiques adaptés aux préférences de chaque pilote, mais il n’y avait que 3 modèles achetables en France, uniquement par tirage au sort.
La GR Yaris 2024 débute à 46 300 € en boite manuelle et s’affiche à 48 800 € en boite Auto. A ces tarifs il faut ajouter un insensé malus de 60 000 € (!) ce qui porte le tarif à minimum 106 300 €. Si vous voulez pleurer, sachez qu’en 2020, 42 000 € suffisaient, malus compris, pour repartir à son volant.
Design
Esthétiquement, la GR Yaris conserve ses lignes agressives et son profil distinctif, avec une carrosserie élargie et abaissée par rapport à la Yaris standard. La version 2024 introduit une calandre à maillage renforcé pour une meilleure protection du radiateur. À l’intérieur, la position de conduite a donc été abaissée de 25 mm. Sur le papier ça parait peu mais en réalité c’est beaucoup et cela change le champs de vision, la visibilité et la position de conduite. On est plus immergé dans l’habitacle et on a moins l’impression d’être en surplomb. Ce point est important pour mieux sentir la voiture travailler avec son bassin.
Habitacle
Dans le même esprit, la planche de bord a été entièrement redessinée. Si elle intègre désormais un combiné d’instruments numérique de 12,3 pouces et un écran tactile central de 8 pouces compatible avec Apple CarPlay et Android Auto, c’est surtout qu’à l’instar du Jinba-Ittai de Mazda, le conducteur a ici davantage l’impression de faire corps avec sa monture : toutes les commandes tombent instinctivement sous la main.
L’idée des ingénieurs étant ici de faire une « voiture de rallye, pour la route », la planche de bord est bien plus fonctionnelle que raffinée. En clair, le dessin cubique est peu élégant et surtout les matériaux sont durs, et les assemblages juste corrects. En bref c’est pratique mais pas raffiné. Idem pour l’interface multimédia qui, bien qu’elle ait été améliorée par rapport à la version précédente, reste frustrante et parfois lente. Clairement, ce n’est pas dans la finition intérieure que l’argent est investi ici. La GR Yaris perpétue plutôt l’héritage des légendaires Mitsubishi Lancer et Subaru Impreza, en concentrant toute son essence sur le plaisir de conduite.
Aussi, les sièges sport offrent un excellent maintien latéral, mais l’espace à l’arrière reste limité, tout comme le volume du coffre de 174 litres, en raison de la présence de la batterie et de la configuration de la transmission intégrale.
Au volant de la nouvelle GR Yaris 2024
Lors des premiers tours de roues, on ne peut pas dire que la mélodie du trois cylindres vous laissera un souvenir impérissable. D’autant qu’en raison de normes anti-bruit, le son est étouffé. Dans l’arrière pays lyonnais, nous avons pu essayer les versions en boite manuelle, boite auto aussi bien sur route que sur circuit. Pour revenir dans l’ambiance rallye d’antan, on commence avec la boite manuelle même si la nouveauté principale réside dans la transmission automatique.
Là, on prend plaisir à manier (cela est tellement devenu rare !) un levier court aux débattements ferme et précis. Sa précision n’a d’égale que l’excellent ressenti qu’offre la direction, bien calibrée et rigoureuse. Les réglages révisés de la suspension confèrent une fermeté perceptible, offrant un retour d’information clair sur les aspérités de la route. Ce réglage peut s’avérer fatigant sur de longs trajets autoroutiers ou en ville, mais une fois sur des routes sinueuses, la GR Yaris prend vie.
Toyota GR Yaris 2024, faite pour la route et le circuit
La tenue de route est exceptionnelle, la voiture restant fermement scotchée au bitume et on se délecte de double-débrayage au rétrograde juste histoire de renouer avec des sensations presque oubliées. Que ce triangle pédalier, levier de vitesse et direction est bien équilibré ! Le moteur trois cylindres, bien que peu mélodieux, délivre une puissance et un couple impressionnants qui catapultent les 1 280 kg de la GR Yaris hors des virages avec une facilité déconcertante et une efficacité bluffante.
Pour aller chercher les limites de la bête on se rend sur le circuit du Laquais, une piste asphaltée technique de 3 km qui sied parfaitement à notre petite GTi. Là, on sort la cravache. Mais en réalité, et comme souvent avec les sportives bien étudiée, nul besoin de lui faire mal. La GR Yaris enroule avec efficacité les gauches-droites à la façon d’une pugiliste de boxeuse anglaise au sommet de son art.
Trop, peut être même, tant la voiture est verrouillée au sol. Quant à la glisse, c’est surtout sur 4 roues qu’elle s’opère et progressivement. Pour faire décrocher l’arrière il faudra jouer avec les transferts de masse même en mode Track enclenché.
Une boite automatique surprenante
Même si nous sommes par nature des amoureux de la transmission mécanique pour les sensations qu’elle implique, vient le moment pour nous de jouer avec la nouvelle transmission. Rien ne change dans l’habitacle excepté les palettes au volant et le levier de vitesse qui s’affuble désormais du classique PRND et d’un mode séquentiel.
Et il faut le reconnaitre, le travail sur cette transmission à convertisseur est vraiment étonnant. En mode Sport, les passages de vitesses sont non seulement instantanés mais surtout les rétrogrades sont parfaitement gérés lors des freinages, permettant d’être toujours sur le bon rapport. Un atout excellent. Non seulement sur circuit où on aura loisir de se la jouer « Gran Turismo » en mode auto, ou de jouer avec les (trop) petites palettes au volant, mais aussi dans les cols de montagne où jamais on ne se retrouve à cours de couple. Remarquable. Tout simplement bluffant. Et comme toute boite auto, en ville ou en conduite cool, il suffit de la laisser gérer sans prise de tête.
Consommation
Animée par un trois cylindres turbo de 280 ch, la GR Yaris sait aussi se montrer relativement civilisée en conduite apaisée. Le constructeur annonce 8,7 l/100 km pour la boite manuelle et 9,5 l /100 km sur la version boite automatique. Si le réservoir de 50 l vous permettra facilement de partir en week-end sans ravitailler, le problème est surtout que la GR Yaris est plombée par une fiscalité outrancière, qui ne prend pas en compte les usages : combien de propriétaires d’une telle voiture l’utilisent réellement tous les jours ? Comme beaucoup de sportives ou de voitures d’exceptions, ce genre de bijou se délecte avec parcimonie.