Le gouvernement français vient d’annoncer par l’intermédiaire de la Ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, que la Dacia Spring ainsi que les modèles de la gamme MG ne seront pas éligibles au bonus écologique de l’année 2024. Cette décision vise à limiter l’aide financière à l’achat de voitures électriques aux modèles européens, mais elle risque d’augmenter le prix des modèles les plus abordables du marché.
De nouvelles règles d’attributions du bonus écologique dés 2024
Actuellement, le bonus écologique est attribué aux véhicules électriques neufs coûtant moins de 47 000 € et pesant moins de 2,4 tonnes. Le gouvernement français a proposé un nouveau système d’attribution du bonus, basé sur les émissions de CO2 générées par les voitures électriques lors de leur construction et de leur acheminement. Ce système vise à exclure les voitures électriques chinoises, qui sont généralement construites dans des usines fonctionnant au charbon, pour l’instant.
L’application de ce nouveau bonus écologique sera complexe et nécessitera une évaluation au cas par cas, impliquant des calculs de score et des audits pour déterminer quelles voitures électriques seront éligibles l’année prochaine. Il y a eu des spéculations sur le fait que certains constructeurs chinois, qui passent actuellement à des sources d’énergie renouvelable dans leurs usines, pourraient même bénéficier de ce nouveau système de bonus. Cependant, la Ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a récemment confirmé dans une interview avec TF1 que la Dacia Spring et les modèles de la marque MG seront bel et bien exclus du bonus écologique de 2024. Il est à noter que ces véhicules sont fabriqués en Chine avant d’être importés en Europe. Les constructeurs Seres et BYD seront dans le même cas.
Le protectionnisme écologique où l’art de mettre la charrue avant les bœufs
Certains veulent se réjouir de la mise en place de ces mesures protectionnistes comme d’une tentative de lutter contre l’arrivée massive des constructeurs chinois. Pour beaucoup, les subventions d’attributions du bonus écologique offertes par l’état vont de fait dans les poches de constructeurs étrangers et le renforcement de ces mesures sont perçus comme une tentative de favoriser les constructeurs européens.
On peut aussi considérer que les nouvelles règles d’attribution du bonus valoriseront les production réalisées à base d’énergies moins émettrices de CO2, certaines usines mettant en avant la neutralité carbone à l’horizon 2050, voir 2030 pour les plus ambitieuses.
Cependant, les nouvelles règles d’attributions du bonus écologique risquent d’impacter directement la vente des véhicules les moins chers, et par là-même pénaliser les acheteurs les moins fortunés qui font pourtant l’effort de se tourner vers la mobilité électrique.
La Dacia Spring et la MG4 sortiront-elles du Top 5 des voitures électriques les plus vendues ?
La Dacia Spring et les modèles de la gamme MG seront, à en croire la Ministre de Transition Énergétique exclus du bonus écologique 2024 car ils sont construits en Chine et transportés en Europe. Si ces véhicules génèrent des émissions de CO2 importantes lors de leur construction et de leur acheminement, ils restent toutefois des portes d’entrées particulièrement intéressantes pour qui veut passer à la voiture à électrique.
La Dacia Spring est la voiture électrique neuve la moins chère du marché, avec un prix de départ de 20 800 €. Avec le bonus écologique elle est accessible à partir de 15 800 €. La MG4 de son côté est également un modèle abordable, avec un prix de départ de 29 990 €, le bonus la faisant passer sous la barre des 25 000 €.
Sans le bonus les tarifs seront trop élevés en regard des prestations, surtout si on les compare à leur équivalentes thermiques : une simple Renault Clio TCe 90, autrement plus polyvalente qu’une Dacia Spring débute à 18 500 €. Mieux encore, la nouvelle Clio E-Tech hybride 145 est 23 600 €. Si on regarde le segment des compactes, la MG4 bien que pétrit de qualités ne peut pas lutter en terme d’autonomie (350 km WLTP) avec une simple Opel Astra à 26 100 €.
Évidement il y a toujours l’argument du zéro émission locale et l’agrément du couple instantané en faveur des électriques, mais en cette période de transition où les conducteurs hésitent encore à franchir le pas du tout électrique, c’est à notre sens un mauvais signal que le gouvernement envoie.
Si la part de marché des électriques atteint les 15% sur les 7 premiers mois de l’année 2023, cette croissance risque d’être rapidement ralentie avec des prix bien plus élevés. Aussi, la Dacia Spring et la MG4 sont respectivement n°1 et n°5 des meilleurs ventes de voitures électriques sur le mois de juillet 2023 mais c’est surtout parce que leur rapport qualité-prix les place au sommet de la hiérarchie. Une logique qui de la même façon favorise les Tesla Model Y et Tesla Model 3 sur un autre segment.
Des voitures électriques plus chères
Dans le reportage de TF1, Clément Lefevre, responsable presse et relations publiques chez MG déclare que « cette posture de la part du gouvernement pouvait être attendue et que le constructeur travaille sur l’implantation d’usines européennes ».
Cette délocalisation pourrait être profitable au marché puisque la Ministre précise par ailleurs que Tesla, constructeur Texan, implanté en Europe pourrait quant à lui toujours profiter des aides de l’Etat. Un dénouement que l’on espère et qui pourrait être créateur d’emplois (BYD avec sa LeapMotor T03 cherche aussi à implanter une usine de production en Europe).
En attendant l’arrivée l’arrivée de nouveaux modèles électriques européens à des prix plus abordables comme l’ID.2 ou la future R5 électrique, ce sont les consommateurs qui devront payer plus cher pour acheter une voiture électrique. Une situation étrange qui nous renvoie à la promesse d’Emmanuel Macron de permettre aux foyers modestes d’accéder aux véhicules électriques pour 100e/mois…