Né sous les meilleurs auspices
En 2006, avec le coup de boule de Zidane sur la pelouse de l’Olympiastadion de Berlin, un funeste soir d’été, l’actualité tourne également autour de la nouvelle console de salon de Sony, la PS3, au Japon et en Amérique du Nord. La liste de titres disponibles à sa sortie dans ces contrées et en Europe ( prévue pour mars 2007) fait la part belle aux jeux de voitures et parmi les licences connues (Need For Speed ou Ridge Racer, console Sony oblige) ou les titres un peu “sérieux” (Formula One Championship Edition), un petit nouveau suscite la curiosité de la communauté de pilotes virtuels : Motorstorm, développé par Evolution Studios.
Il faut dire que les bandes annonces du jeu ont de quoi faire saliver les sauvageons qui sommeillent en chaque gamer. Révélée lors de l’E3 2005, on y voit des véhicules déglingués se tirer la bourre dans des courses off-road dans lesquelles la boue succède au sable. Sur fond de métal (aussi bien la matière que la musique), les carambolages s’enchaînent et la dernière image statique montre un pauvre motard qui, après avoir relevé sa fidèle monture, voit, tout penaud, une caisse de rallye en plein tonneau lui arriver dessus ; conclusion amère pour les deux-roues qui deviendra d’ailleurs un gimmick des différents trailers.
Une confirmation triomphale
Motorstorm sort en 2006 au Japon et en 2007 en Amérique du Nord et en Europe et révèle tout son potentiel ludique. Le jeu se déroule dans les décors grandioses de Monument Valley aux Etats-Unis et met en concurrence sept sortes de véhicules différents qui peuvent tous se rencontrer sur la même piste ; motos, quads, buggys, voitures de rallye, camionnettes, 4×4 et semi-remorques. Chaque classe possède ses points faibles et ses points forts et se montrent adaptés à un certain type de terrain. Les motos, par exemple, sont légères et maniables, mais fragiles et perdent de la vitesse en s’enfonçant dans la boue. Les semi-remorques, au contraire, ne sont pas vraiment affectés par le terrain et repoussent tous les plus petits véhicules qui auraient l’outrecuidance de vouloir les brusquer un peu. En revanche, ils sont très peu maniables et accélèrent mal.
Une IA bien gérée
Les 8 circuits du jeu possèdent plusieurs pistes plus efficaces selon le choix du véhicule. Les poids légers se dirigeront plutôt vers les hauteurs, pour profiter des sauts improbables et éviter les poids lourds, dont les roues accrochent la boue dans les vallées aux longues lignes droites. Il est tout à fait possible de passer d’un tracé à l’autre pour tenter de surprendre les IA dont la pertinence et l’agressivité a d’ailleurs été saluée par la critique à l’époque. Mais le plus souvent, c’est suite à une erreur de pilotage qu’on se retrouve avec son quad dans la boue à éviter les roues menaçantes des énormes 4×4.
Enfin, dernière subtilité de gameplay, les véhicules disposent d’un turbo. Mais attention, son usage immodéré mène à la chauffe du moteur et, in fine, à l’explosion du moteur et de l’engin… ce qui peut aussi permettre de grappiller quelques mètres sur la ligne d’arrivée.
Motorstorm, un jeu off-road en avance sur son temps
Même si les jeux de course off-road n’étaient pas une nouveauté, Motostorm apportait son lot d’innovation, dont les différents tracés sur les circuits qu’il fallait donc connaître sur le bout des doigts pour espérer remporter la victoire. Le jeu d’Evolution Studios représentait aussi une véritable vitrine technologique. Les décors, sublimés par les effets de lumières rarement vus à l’époque, n’avaient jamais été aussi réalistes. La boue gardait les empreintes de roues et certains éléments (pancartes, barrière de pneu… ) ne demandaient qu’à partir en éclat suite à une collision.
Les modèles de véhicules (sans licences, mais reconnaissables par les amateurs) hyper-détaillés se salissaient, s’empoussiéraient et perdaient des éléments au fur et à mesure de la foire d’empoigne ; un garde-boue par ci, un pare-buffle par là ou, bien plus embêtant, une roue, voir deux avec une incidence sur la conduite… Les – nombreuses – collisions occasionnaient une explosion de particules et il n’était pas rare de voir son capot se faire la malle et laisser voir le moteur ronronnant jusqu’alors caché.
Motorstrorm, du punk-rock gadoueux
Pour donner un côté encore plus sauvage à son bébé, le studio a particulièrement travaillé la bande originale de son titre. Et il fallait du lourd pour rivaliser avec les rugissements des moteurs et les grincements de la tôle froissée. Dans l’autoradio, Nirvana (“Breed”) succède à Queen of the Stone Age (“Medication”) avant de laisser sa place à Slipknot (“Before I Forget”) ou à Reverend Horton Heat (“Big Red Rocket of Love”). De quoi mettre les poils lorsqu’on fonce à fond les grelots sur les précipices de Monument Valley avec son buggy, deux roues dans le vide dans les virages et une horde de semi-remorques aux trousses !
Plusieurs éditions du jeu se sont succédées et un mode Online a été ajouté après la sortie par les développeurs. Tout cela pour faire patienter les nouveaux fans de la licence jusqu’à la sortie du meilleur opus de la franchise : Motorstorm Pacific Rift.
Motorstorm Pacific Rift : Plus varié, plus brutal, plus fun !
Après ce galop d’essai réussi, Evolution Studios remet le couvert en 2008 avec Motorstorm Pacific Rift. Après Monument Valley, les furieux posent leurs roues sur une île de l’archipel d’Hawaï toujours dans le but de faire rugir les moteurs et de froisser de la tôle. Ce nouvel environnement permet aux développeurs de multiplier les possibilités puisque ce sont maintenant 16 circuits qu’il faut connaître sur le bout des doigts pour espérer remporter la victoire. Les Monster Trucks font leur apparition et se placent immédiatement au sommet de la chaîne alimentaire du mecanotope motorstormien grâce à leurs énormes roues et à leur vitesse.
De nouveaux éléments de gameplay apparaissent. L’île est divisée en quatre zones (earth zone, air zone, water zone, fire zone) dédiée à un type d’environnement (forêt, montagne, plage, volcan très schématiquement) qui apportent un peu de variété. Ainsi passe-t-on d’une jungle luxuriante aux pistes d’un volcan qui se réveille en passant par un aéroport abandonné ou une ville balnéaire fantôme. L’eau et le feu font leur apparition. Lorsque le véhicule passe sur une zone froide (typiquement une rivière), la température du moteur baisse et on peut utiliser le turbo plus longtemps, ou le réactiver plus tôt. A contrario, lorsque le pilote roule près de la lave ou d’une zone de chaleur, l’utilisation du turbo fait augmenter la chaleur du moteur plus vite et l’explosion arrive plus rapidement. Il faut dorénavant connaître les différentes routes adaptées aux différents véhicules, mais aussi savoir où se trouvent les zones de rafraîchissement et éviter celles qui font trop chauffer la mécanique.
Cette fois, le multijoueur est prévu d’entrée et les gamers peuvent enfin se tirer la bourre contre d’autres adversaires que les IA, toujours aussi performantes et agressives au demeurant.
Pourtant, tout n’évolue pas dans le bon sens et même si la bande-son reste sympathique, elle perd tout de même un peu en qualité depuis le premier opus.
Néanmoins, Pacific Rift reste pour beaucoup le meilleur opus de la série grâce à la variété des environnements proposés et aux pistes jonglant entre sauts démentiels et parties rapides ou plus techniques.
Un vent de fraîcheur sur la série : le cas Artic Edge
Au milieu des années 2000, la console portable de Sony, la PSP, impressionne le monde grâce à ses prouesses techniques qui permettent de profiter de vrais jeux en 3D n’importe où. Les jeux de courses de voitures y sont légion et, logiquement, Motorstorm y pose les roues en 2009. Les roues mais aussi les chenilles puisque l’action prend place dans des environnements glacés et neigeux : les motoneiges et les chasse-neige sont donc de la partie.
On retrouve donc les classiques de la série ; tracés divers et variés mais dans des proportions un peu moins gargantuesques, console portable oblige. L’IA se révèle un peu moins pertinente et Artic Edge se révèle bien plus permissif que ses aînés.
Motorstorm : Apocalyptivroum en bouquet final
En 2011, Motorstorm revient tirer sa révérence sur les machines de salons de Sony avec Motorstorm Apocalypse. Après le désert et Hawaï, le jeu se passe dans des environnements bien plus urbains, dans une ville qui n’est pas sans rappeler San Francisco. Mais, comme le nom l’indique, l’endroit subit la colère de dame nature ; tremblement de terre, éruption volcanique, pluie démentielle, raz-de-marée biblique et bien d’autres sont de la partie.
Les équipes d’Evolution Studio ne font pas de grands changements au niveau du gameplay bien installé maintenant mais introduisent encore un peu plus de variété dans les véhicules ; les petites citadines font leur apparition. On peut également modifier son bolide grâce à quelques éléments mécaniques. De plus, le mode solo a le droit à un scénario porté par quelques cinématiques assez mal réalisées dont, il est vrai, on se fiche un peu.
La grande nouveauté de MotorStorm Apocalypse, ce sont les scripts, des événements déclenchés par le jeu. En plein course (elles sont 33 dans cet opus), un immeuble peut s’effondrer quand on passe à côté pour servir de tremplin vers une autre piste pour le tour suivant. Les ponts cèdent aussi, révélant des passages secrets, des trains fous foncent dans des murs…
Pourtant, malgré cette surenchère d’effets spéciaux, souvent impressionnants pour l’époque, le jeu semble moins brillant que ses aînés. Il faut dire que le choix de la ville comme champ de bataille n’aide pas vraiment à la variété et on a souvent l’impression de rouler aux mêmes endroits. Finie l’explosion de couleur de Pacific Ridge : la ville paraît grise, grise et encore grise. Le solo reste anecdotique et on a bien du mal à s’attacher au personnage. Sans être totalement raté, Motostorm Apocalypse apparaît comme un chant du cygne, sur console de salon néanmoins. En effet, après cet opus, ni la PS4, ni la PS5 n’auront droit à leur Motorstorm.
Le retour de la légende par la petite porte
Mais Motorstorm n’a pas fini de faire parler de lui. Fin 2011, la PS Vita (deuxième console portable de Sony, un échec commercial cuisant mais un succès critique) arrive en France et devinez quelle série fait partie des premiers titres disponibles ? Motorstorm évidemment, mais sous une forme totalement différente. En effet, au lieu des bolides des précédents, le joueur a en main une télécommande et pilote des véhicules radio contrôlés. Motorstorm RC reprend l’environnement propre aux précédents opus, poussiéreux, crasseux punk mais dans une toute autre perspective.
L’action est vue du dessus et les petites bombes mécaniques accélèrent à fond et tourne très brusquement. Le braquage et le contre-braquage sont rois en ce domaine et il faut constamment anticiper pour ne pas se retrouver dans le décor.
Moins impressionnant techniquement que le reste de la série, forcément, Motorstorm RC reste un petit jeu agréable qui, à l’époque, était vendu à prix réduit (6 euros) sur le store de la machine.
Petit ange parti trop tôt
Un MotorStorm 4 prenant place dans le futur, probablement après les évènements de Motorstorm Apocalypse sur une terre post-apocalyptique donc, était prévu. Mais aujourd’hui, la licence semble définitivement morte et enterrée, malgré ses nombreuses qualités.
Il est possible de s’essayer à l’épisode Apocalypse et RC sur les consoles Sony actuelles grâce à l’abonnement PS Plus Premium ; dommage, ce sont les deux jeux les moins représentatifs de la série. Parfois, quelques rumeurs évoquent une version remake ou remaster, voir un nouvel épisode, mais il est fort probable qu’aucun autre titre ne soit publié. Restent les souvenirs d’une saga qui a laissé ses concurrents loin derrière et qui, encore aujourd’hui, demeure un monument à la gloire de la course off-road. Une course extrême, punk et fun avant tout !
- pour
- Puissance à toute épreuve
- Rétro-compatibilité
- Temps de chargement
- contre
- Encombrement
- Poids de la DualSense