Faire revivre un mythe roulant est une des tâches les plus ardues de l’industrie auto-moto. Pourtant Mahindra, à travers sa branche Classic Legends, propose une nouvelle version de la très emblématique BSA 650 Gold Star. Esbroufe marketing ou coup de génie ? On vous répond dans notre test !
Renaissance
La BSA (Birmingham Small Arms Company) a été un acteur majeur dans l’industrie de l’armement au début du 20e siècle avant de devenir un constructeur moto emblématique. La firme anglaise a dominé le Tourist Trophy de 1949 à 1956 avec sa BSA Gold Star et devient même le premier constructeur mondial en 1953. Mais les années suivantes sont plus compliquées pour l’industrie motocycliste européenne, en particulier anglaise. Le manque d’innovation, la popularisation de l’automobile et surtout l’arrivée sur le marché de concurrents japonais, moins chers et plus technologiques précipitent l’industrie moto anglaise vers la faillite. BSA est racheté par Norton-Triumph-Villiers (NTV) en 1973 et finit par mettre la clef sous la porte.
Ce n’est qu’en 2015 que le constructeur indien Mahindra rachète la licence BSA et commence à travailler à la renaissance de la marque.
Ainsi, cinquante ans après la disparition de la marque anglaise, BSA renaît sous l’égide du groupe Classic Legends, détenu à 60% par Mahindra Group en Inde, le même groupe qui détient Peugeot Motocycle.
Concurrence
La BSA 650 Gold Star se positionne dans un segment de marché très compétitif, face à des modèles comme la Royal Enfield Interceptor 650, la Triumph Speed Twin 900 ou encore la Kawasaki W800. Cependant, elle se distingue par son héritage et son design unique. Son prix de départ est fixé à 7 499 € et 7 999€ pour la version Legacy Edition.
De son côté la Royal Enfield 650 démarre à 7 390 €, la Kawasaki W800 est à 10 999 € et la Triumph a 9895 €. On peut aussi ajouter la Mash Six Hundred à 4 500 € qui est la seule avec la BSA a être dotée d’un mono-cylindre.
Conception et Design de la BSA 650 Gold Star
La silhouette générale s’inspire fortement de son ancêtre, avec un design vintage et un moteur monocylindre de 650 cm3. La Gold Star 2023 est une fusion réussie entre tradition et modernité. Elle conserve les traits et les lignes de la première du nom, notamment les caches latéraux, la forme du garde-boue, le guidon et le réservoir.
Clairement elle en jette avec l’énorme culasse à ailettes de son gros monocylindre. Et à moins d’être un connaisseur, difficile en réalité de savoir que l’on a affaire à une moto moderne. L’œil avisé remarquera toutefois immédiatement le radiateur positionné devant le moteur, signe des temps modernes, mais globalement le coup de crayon est très réussi. Mieux, encore la ligne de la moto nous paraît magnétique.
Quand on regarde de plus près, certains détails de finition déçoivent. Le marquage des fusils sur le moteur n’est qu’un autocollant, les caches latéraux du carter sont en plastiques, tout comme les commodos au guidon. Pire, le bloc des prises USB semble ajouté là un peu par hasard.
On oublie assez rapidement ces aspects quand on détaille la partie cycle. Le châssis repose sur un simple mais sérieux double berceau en acier tubulaire, la fourche de 41 mm est classique mais esthétique, le bras oscillant acier est secondé par une paire d’amortisseurs réglables sur 5 niveaux de précharge. Les jantes sont à rayons et les freins à disque remplacent les tambours d’antan, avec des étriers flottants Brembo couplé à l’ABS. Les pneus sont de dimensions modestes avec du 100/90/18 à l’avant et du 150/70/17 à l’arrière mais présentent un dessin classique dû au Pirelli Phantom Sportcomp.
Équipements et Technologies
La BSA 650 Gold Star n’est pas en reste en matière d’équipements. Elle est dotée de deux compteurs à aiguilles compte-tours et vitesse qui intègrent respectivement une jauge à essence et un odomètre numérique. Entre les deux se loge sur le capotage du phare, un troisième cadran orné de témoins lumineux : béquille dépliée, température moteur, témoin ABS et témoin de Neutre.
Comme évoqué plus haut, un port USB-A et USB-C est également présent, permettant de recharger son smartphone, mais son design n’est pas très heureux selon nous.
Madeleine de Proust
Enfourcher la BSA Gold Star c’est un peu faire un bon dans le passé avec cette vue imprenable sur les deux compteurs à aiguilles ronds et ce troisième cadrans incrusté sur le capot du phare. Cet agencement délicieux tranche carrément avec la majorité des productions actuelles bardées d’écran numériques et de lignes agressives.
Le poids à sec de 213 kg pourrait laisser craindre une certaine lourdeur, mais grâce à un centre de gravité bas et un bon centrage des masses, relever la moto n’est qu’une formalité. Mieux encore, sa faible hauteur de selle de 780 mm permet au 1m74 de votre serviteur de bien poser les deux pieds à plat au sol.
Une fois le contact enclenché, le monocylindre se réveille dans un poum-poum-poum suranné qui réveille le cœur des nostalgiques mais reste discret et rassurant pour les débutants.
Le Moteur : Un Monocylindre 650 modernisé
Le cœur de la BSA Gold Star 650 repose sur un monocylindre 4 temps double arbre à cames en tête de 652 cm3, modernisé pour répondre à la norme Euro 5. Ce mono-cylindre est en réalité d’origine Rotax et équipait aux débuts des années 90 les petits trails Funduro BMW et Aprilia Pegaso. Restylé, il s’intègre fort bien dans les lignes rétro de la BSA Gold Star grâce à ses ailettes de refroidissement. Toutefois celui-ci est assuré en réalité par un radiateur placé devant le berceau du cadre ce qui rompt avec la ligne intemporelle de la « Goldie ».
On se rassure néanmoins avec la fiche technique de ce moteur « super-carré » puisque accessible au Permis A2 : il développe 45 ch à 6500 tr/min et un couple de 55 Nm à 4000 tr/min.
Sur la route avec la BSA 650 Gold Star
Dès les premiers tours de roues, on constate que le confort est un élément clé de la BSA 650 Gold Star, notamment grâce à une selle large et bien rembourrée. La position de conduite est droite, ce qui réduit la fatigue sur de longs trajets. Les commandes sont bien placées et facilement accessibles.
Surtout, la transmission est douce et même si le choix de cinq rapports peut sembler limité, il est en réalité très bien adapté à la plage de régimes du moteur. La première est courte, pour des départs rapides, tandis que la cinquième est assez longue pour maintenir une vitesse de croisière confortable sur voie rapide.
Toutefois, ce que cette BSA Gold Star 2023 apprécie particulièrement, c’est enrouler les virages sur le couple. Si ce dernier n’est pas énorme, il suffit largement à vous tracter entre 2 500 et 4 000 tours/min avec vigueur. La moto tire gentiment sur les bras, suffisamment pour vous donner le sourire, pas assez pour vous faire peur.
D’autant que la Gold Star est étonnamment agile et sa bonne répartition des masses garantie une bonne stabilité en virage. Il ne faut pas hésiter à l’aider à tourner un peu avec les hanches pour enfiler des successions de virages à allure tranquille mais la direction est précise et la partie cycle saine.
En haussant le rythme, le monocylindre allonge vaillamment au-dessus des 6 000 trs/min mais il perd là de son charme d’autant que la direction un peu pataude et le ressenti de Pirelli Sportcomp n’appellent pas à l’attaque. Dans ce cas le freinage manque aussi de mordant. Mais l’attaque n’est pas la vocation première de cette BSA Gold Star. Son truc à elle c’est la balade tranquille et bucolique, sur le couple. On en profite pour mieux déguster le paysage et surtout apprécier les aller-retour de la grosse gamelle du monocylindre.
Ça me donne envie d’échanger ma bonne Bandit S contre cette merveille qui me rappelle mes années 50…
😎
😀 Je dirai que l’usage n’est pas le même ! La Bandit a quand même bien plus d’allonge et passé les 7-8000 trs/min le 4 cyl japonais se transforme en petit samouraï 😉 La BSA est faite pour la balade cool et son gros-mono tracte gentiment sur les petites routes.
Je la trouve magnifique , j’en ai vu une hier et j’ai parlé a son propriétaire qui en était ravi , c’est le style de moto que j’apprécie , je roule en bullet et en Guzzi V7 et vieille calif.
Bonjour Claude, Merci pour votre commentaire. Oui ! elle est vraiment belle cette BSA et je ne vous cache pas que j’ai vu la prépa scrambler qu’a fait un concessionnaire Lyonnais lors du Salon de Lyon c’était encore plus remarquable. Il avait retiré la plupart des éléments plastiques qui font un peu tâches dessus. En tout cas, c’est une chouette moto pour se balader. Super pour vos bullet, v7 et california, très bon choix ! Je publierai un essai de la V7 dés que j’aurais un peu de temps !
Je suis l’heureux propriétaire de cette légendaire moto des années 60 revisitée sans avoir trahi son ADN d’antan . J’ai eu le coup de coeur pour son look et un seul essai aura suffi à me convaincre , d’autant que j’hésitais entre une R.E. Interceptor et une Triumph T 100 Bonneville …
Le » gros » mono-cylindre donne à la conduite une autre approche du pilotage sans être pénalisant , au contraire : facilité de prise en mains , et souplesse ; plus rien à voir avec la génération précédente qui fera dire aux nostalgiques qu’il manque de sonorité et de peps …
Euro 5 est passé par là .
Bref , cela n’engage que moi , je suis séduit par cette machine atypique qui ne laisse pas les passants indifférents .
Je privilégie le cruising , et là , je suis bien servi , et avec confort .
La séduction gomme les quelques défauts que ne peuvent s’empêcher de relever les rédactions D’ailleurs , connaissez vous un modèle de moto qui sort indemne de la critique ?